Article de l'Association pour une infrastructure de l'information libre (FFII) : URL originale
Alors que la Commission condamne Microsoft à une amende ponctuelle équivalente à 1% des réserves de caisse de la compagnie, la décision implique une interprétation extrêmiste de l'accord sur les ADPIC, selon laquelle Microsoft est autoriser à faire payer une "rémunération raisonable" pour l'utilisation de tout protocole propriétaire sur lequel la firme a obtenu un brevet en Europe.
Cela signifie, à moins que les amendements du Parlement européen à la proposition de directive sur les brevets logiciels soient totalement acceptés, que Microsoft aura reçu de la Commission européenne le feu vert pour tuer ses concurrents.
Comme le rapporte The Register :
Håkon Wium Lie, le PDG d' Opera Software, l'un des seuls concurrents restant de Microsoft sur le marché des navigateurs web, ajoute :
Cette position a également été exprimée par le Parlement européen dans l'article amendé 6 bis sur les limites d'application des brevets en ce qui concerne l'interopérabilité.
Cependant, la Commission européenne combat l'article 6 bis du Parlement européen, en se fondant sur la même interprétation discutable de l'accord sur les ADPIC qu'elle a utilisé pour renforcer les intérêts monopolistiques de Microsoft dans le procès sur la concurrence.
Reinier Bakels, professeur en droit informatique à l' Institut pour Informatique et Droit à Amsterdam et co-auteur d'une étude sur les brevets logiciels commandée par le Parlement européen en 2002, commente :
Et ces commentaires ne tiennent même pas compte du fait que les brevets logiciels sur lesquels se fondent les tentatives d'appropriation des interfaces de la part de Microsoft ont été délivrés en contradiction avec la lettre et l'esprit de la Convention sur le brevet européen et en fait de l'accord sur les ADPIC lui-même, comme on peut facilement le constater et comme nombre d'experts l'ont souligné.
voir aussi L' Accord sur les ADPIC et les brevets logiciels et Interopérabilité et Brevet: Controverse au Parlement européen
La Commission semble avoir adopté son interprétation anti-concurrentielle de l'accord sur les ADPIC sous la pression de Frits Bolkestein, le commissionnaire de la Direction Marché intérieur, qui s'est plaint que les exigences d'interopérrabilité prévues à l'origine soient trop sévères pour Microsoft et qu'elles auraient conduit à des sanctions de la part de l'OMC car elles n'étaient pas justifiables d'après l'article 30 des ADPIC.
La direction de Bolkestein a menacé le Parlement et a donné de mauvais renseignements au Conseil dans le but de promouvoir une interprétation extrêmiste des ADPIC et de tracer la route d'une brevetabilité illimitée des logiciel, y compris des "méthodes pour l'exercice d'activités économiques mises en oeuvre par ordinateur", dans l'UE.
Les textes utilisés par la direction de Bolkestein dans cette procédure sont issus de l'Office européen des brevets et de la Business Software Alliance. La proposition de directive sur les brevets logiciels portait la signature des même cercles proches de la BSA et de Microsoft, qui a été révélee par un document du gouvernement des USA contre l'aricle 6 bis du Parlement européen. Ce document a été transmis aux parlementaires européens (MPE) par la représentation des USA à Bruxelles au début septembre 2003.
Alors que Bolkestein paraît en permanence encerclé par un essaim de grosses entreprises et de lobbyistes de la communauté des brevets, il n'a jusqu'à maintenant jamais pris le temps dans son agenda sur les brevets logiciels de rencontrer un seul représentant du camp des critiques. La Direction générale Marché intérieur a toujours favorisé unilatéralement les intérêts de la "majoritééconomique" (i.e. les conseillers en brevets des grosses entreprises qui dirigent les commissions concernées à l'EICTA ou l'UNICE), sans même expliquer pourquoi les intérêts de l'autre bord ne méritaient pas d'être protégés. Il y a eu un blocage dans la communication depuis des années.
Toutefois, cela pourrait bien doucement changer. David Ellard, le successeur d' Anthony Howard en charge du dossier sur les brevets logiciels à la DG Marché intérieur, a accepté de participer à la conférence sur les brevets logiciels organisée par la FFII au sein du Parlement européen le 14 avril. Ce dialogue sera le premier de ce type depuis le début des plans de la directive de la Commission en 1997.
Le conseil de l'Union européenne, lors de sa session du 02/03/2004, a confirméà nouveau son insistance dans une mauvaise interprétation de l'article 30 des ADPIC. Une motion du Luxembourg en faveur de l'article 6 bis de la Commission de l'Industrie du Parlement Européen a été rejetée. Au lieu de ça, le Groupe de travail sur les brevets du Conseil a opté pour un considérant disant que les problèmes de concurrence ne devaient pas être résolus au sein du droit des brevets mais traités au cas par cas dans des procédures anti-concurrentielles comme celle intentée contre Microsoft. Avec cette évolution de son précédent document de travail, le Conseil a poussé encore plus loin sa position non consensuelle de promoteur d'une brevetabilité extrêmiste et d'une applicabilité des brevets non moins extrême dans l'Union européenne. Ces mouvements du Conseil se produisent également à l'initative de la direction de Bolkestein.
The Canadian representative found clear words about the EU's methods of interpretation of TRIPs:
It may be worth noting that Bolkestein, as a pharma man, may be somewhat more interested than others in reinforcing the EU's extreme stance on Art 27 and 30 TRIPs taken in the WTO patent case against Canada.