22/04/1993 - 09/05/1993
Le hurlement du coyote
Ecorché, les cicatrices à vif,
Nuit après nuit,
Lune après lune,
Le coyote hurle ses plaies aux récifs.
Seul, perché sur un rocher écaillé,
Nuit après nuit,
Lune après lune,
Le coyote hurle ses plaies sans crier.
Mais ses silences deviennent aigüs,
Nuit après nuit,
Lune après lune,
Alors la voix du coyote s'est tue.
22/04/93
La chanson perdue
Je ne te reconnais plus, ma Foxy :
Tes lèvres ne me sourient même plus,
Tes yeux ne regardent plus dans les miens.
À quoi rêves-tu, seule dans tes nuits ?
Quelles douces musiques entends-tu
Quand je ne te chante plus mes refrains ?
Me suis-je évaporé ou envolé,
Passé entre les fils de ta mémoire ?
Ne te reste-t-il aucun souvenir
De ces nuits où nous étions projetés
Hors du temps, sans passé ni avenir ?
Tes cris perçants n'étaient-ils qu'illusoires ?
Où es-tu passée ? Où es-tu partie ?
Mes mots se sont-ils en route perdus ?
Tant répétés, n'en reste-t-il plus rien ?
Je ne te reconnais plus, ma Foxy :
Tes lèvres ne me sourient même plus,
Tes yeux ne regardent plus dans les miens.
22/04/93
La mélopée des rêves
Où sont partis les rêves bleu marine ?
À la dérive dans la mer de Chine ?
Le vent aurait dû les pousser plus loin
Ils auraient dû poursuivre leur chemin
Et ne pas se laisser mourir si tôt,
Sans avoir pu rêver leur dernier mot.
Où sont passés les rêves d'autrefois ?
Ancré dans un passé que nul ne voit ?
Ils auraient dû suivre leur cours, patients,
Ils auraient dû rêver d'être des rêves
Et vivre ainsi en rêvant, nonchalants
Et ne pas laisser s'écrouler leur sève.
Où sont partis les rêves bleu marine ?
Ancrés dans un passé que nul ne voit ?
Pourra-t-on jamais voir les nuits cristallines
S'éterniser comme un Dieu sur sa croix ?
23/04/93
Le refrain nocturne
Tu bordes encore mes nuits ma Lady
Entre mes draps ton image se glisse
Tu reviens telle que je l'ai écrit
Telle que je t'ai rêvée ma princesse
Comme un serpent renaissant des abysses
Mais tes silences persistants me blessent
23/04/93
La rengaine ensanglantée
Cicatrices d'un amour trop parfait
Epurent mes rêves chaque soirée
Cicatrices saignantes d'écorché
Illuminent mes rêves sans arrêt
L'amour ne peut se cicatriser
Et le sang ne devrait plus s'écouler
23/04/93
Le crissement des fantômes
Je cherche maintenant mon ombre
Dans les bulles de ma moquette
Mon fantôme reste si sombre
Dissimulé dans sa cachette
Mon ombre est toujours sur la liste rouge
Dans le rayon des abonnés absents
J'ai perdu mon décodeur dans un bouge
Alors que mon cerveau crachait du sang
Mais qui est le visage dans la glace ?
Son sourire retient ses larmes
Le sourire s'en va, les larmes passent
Mais le visage me désarme
Le visage reste dans le miroir
Car l'ombre ne peut y entrer
Peut-être se rejoindront-ils plus tard
Quand la glace aura explosé
Et je recolle les morceaux
Autour de la peau d'un renard
Qui lave la glace à nouveau
Mise à nue avec sa guitare
27/04/93
La mélodie égrènée
Un grain de sable pourrait cependant
Endiguer et tuer ma solitude
Mais nous ne mangeons pas au même restaurant
Alors je recrépis les murs que tu dénudes
27/04/93
La marche funèbre
Le sang des lépreux coulera encore
Mordu par les crocs du coyote
La rage écumant ses lèvres
Les peaux couvertes de pustules s'écailleront
Le pus jaillira se mêlera au sang
Les crevasses se creuseront un peu plus
Les corps décharnés se rouleront
Dans cette flaque putride et grouillante
Des échos assourdissants répondront
Aux cris caverneux des cadavres
Les vomissements poisseux des macchabées
Complèteront la mixture nauséabonde
La Mort aura sa vengeance
28/04/93
Le canon à deux voies
Un corps
Qui n'est pas le mien
Que je sens pourtant
Comme s'il m'appartenait
Et je tressaille
Quand on l'effleure
Et je frissonne
Quand on caresse sa peau
Un corps
Juste sous la peau
Un corps qui m'appartient
Et qui n'est pas tout à fait le mien.
06/05/93
Les cris aphones du papillon
Plus de "tu" pour lui parler en douceur
De caresse à la deuxième personne
Plus de rime pour butiner son coeur
Je ne lui écris plus, j'écris sur elle
La nymphe s'envolant à tire-d'aile
Le papillon poussant des cris aphones
Adieu à toi, à elle, je m'envole
Vers d'autres cieux, le papillon décolle.
06/05/93
L'hymne de l'oubli
Un an :
Avoir goûté à tes lèvres
Et devoir l'oublier !
07/05/93
Les accords désaccordés
Je ne vois plus le soleil aujourd'hui
Sous le même angle, le même jour
Que l'an passé.
Il brille pourtant, même la nuit
De la même force, du même amour
Que l'an passé.
Mais ses rayons se passent d'infini
Et concèdent à la Terre alentour
Leur liberté.
08/05/93
La voix du condamné
Je suis prêt à prendre bien d'autres coups
Frappez, tapez, cognez, je vous attends
Mon bouclier se renforce lentement
Patient, il devient de plus en plus fort
Et j'attends et j'attendrai jusqu'au bout
Jusqu'à mon dernier cri, je vous attends
Je ne me sauverai pas lâchement
Frappez, tapez, cognez jusqu'à ma mort
Et puis adieu, je ne vous attends plus !
Ma voix ne sera plus douce non plus !
08/05/93
Le chant de l'hirondelle
Mais un point encore m'affole :
Je vous en prie, ne tirez pas
Sur l'hirondelle qui s'envole !
Ne l'abattez pas, tuez-moi,
Mais laissez voler l'hirondelle :
Le ciel la prendra dans ses bras.
Elle viendra, encor plus belle,
Décrivant une parabole,
Pour vous faire aimer l'éternel.
08/05/93
L'ode vitale
Le sang onctueux des vierges coulera doucement
Et les ailes de l'hirondelle les caresseront
De leurs plumes d'arc-en-ciel
Leur douce peau se fera plus douce
Leur sueur extasiée se mêlera au sang
Les fleurs grandiront de plus en plus
Et leurs pétales irisés goûteront
Au nectar enchanteur du soleil
Des arpèges se joindront
Aux mélodieuses symphonies de l'hirondelle
Et des saveurs mielleuses complèteront
Le somptueux tableau esquissé
La Vie dansera sans s'essouffler.
08/05/93
Les doubles croches cachées
La rivière se divise ici :
Elle semble couler encor loin,
Mais son vrai sort se cache avec soin.
Car elle s'assèche et perd la vie,
Petit à petit, dissimulée,
Se laisse boire à pleines gorgées.
Le coyote crie victoire aussi :
Il semble vivre heureux et si bien,
Mais sa véritable vie est loin.
Car il vient vous hanter aujourd'hui,
Sournoisement et fort bien caché,
Il vous guette avant de vous goûter.
09/05/93
Les choeurs du coeur
Pourtant je n'ai jamais autant aimé
Avec autant de force autant de coeur
Risquant de perdre tout ce que j'effleure
Ignorant le doute et la vérité
S'il fallait reconstruire mon bonheur
Et reconquérir nos plus belles heures
Tu sais que je pourrais encor voler.
09/05/93
L'envolée mélodieuse
Fallait-il vraiment voler si haut
Il restait d'autres cieux à découvrir
La voûte céleste aurait pu plus tôt
Laisser sa porte embrumée s'éclaircir
Et ouvrir son paradis à l'oiseau
Rien ne pouvait l'empêcher de voler
Et d'atteindre le jardin escompté
Non : la foudre et la tempête et la pluie
Auraient été vaincues par l'oiseau-lyre
Rien n'aurait pu contrarier son envie
De siffler à l'Éden son chant martyre.
09/05/93
Les cruelles vocalises féériques
Riant du pauvre oiseau gisant à terre
Une fée assassine nie son crime
Bien que sa proie saigne, le coeur ouvert
Ignorant ce sang, la fée sur sa cime
Sourit au soleil et s'envole en l'air.
09/05/93
L'écho de la mer à l'oiseau
La mer envie l'oiseau de tout son coeur
Car le chant mélodieux que l'oiseau pousse
Peut lui faire oublier ses propres airs
Et l'oiseau-lyre contemple la mer
Puisque sa beauté est tellement douce
Qu'il peut oublier sa propre douceur
09/05/93
Les arpèges de l'oiseau-lyre
Les arpèges de l'oiseau-lyre
Résonnent dans le choeur des océans
Les arpèges de l'oiseau-lyre
Se mêlent aux cris crochus des mourants
Puisque les arpèges de l'oiseau-lyre
Dominent tous les autres chants.
09/05/93