31/01/1996 - 12/04/1996
Vers ternes illuminés
Depuis longtemps à dos d'asticots,
Je décharge des balles de haine,
Prenant pour cible tous les blaireaux
Qui ont pu me causer de la peine.
Pourtant mon amour est sans épars ;
J'ai un foie de philanthrope et j'aime
Sans retenue les frères de bar
Et les filles peuplant mes poèmes.
J'ai embrassé de baisers limpides
Chacun des prénoms que je louais,
M'amourachant d'une éfemmeride
Pour chaque coeur où le sein pointait
Là, de ma poitrine au goût d'amiante,
J'effacerai du calendrier
Les laids patronymes qui me hantent,
Vomissant ma bile sans pitié.
31/01/96
La Belle et Caïn
Malgré mon Amour qui retrouve
Un Air rayonnant de fraîcheur
Malgré les Chants que mon Coeur couve
Pour sourire au Soleil rieur
Malgré le Charme indélébile
Des Mots qui jouent la Vérité
Malgré la Joie indescriptible
De voir mes Rêves triompher
Malgré...
... j'ai cette affreuse envie
de recontaminer les cons,
vider les néants de la vie,
effacer les couleurs marron,
détruire les gueules hideuses,
Pour aimer les amours heureuses
Ne garder que les Mandarines
Peuplant les Rêveries marines
31/01/96
Ces gens-là
Chez ces gens-là, Monsieur
On ne rêve pas, non !
On ne rêve, Monsieur,
Même plus : à quoi bon ?
31/01/96
Secrets increvables
Eux ne savent pas la gémausité lunaire
S'imaginant qu'un seul astre mourant d'ennui
Suffit à sanctifier leurs clartés noctuaires
Ils ignorent tout de ces poupées du souci
Qui nous tiennent la main nous menant chez Morphée
Pour mieux nous protéger des tracas ennemis
Eux ne connaissent aucun des prénoms de fées
Qui peuplent nos rêves vivant au firmament
Sur des nuages qui sont hors de leur portée
Rien n'est vu de leurs yeux
Et si nous sommes heureux
Ils ne sauront jamais comment
31/01/96
Dessein d'Ève
Elle a
Ce détachement libre
Faisant cotonner les nuages
Dans un ciel si bleu
eux, ils la décrivent capable de quitter
ces courts copulages, qu'ils croient bien accomplis ;
tout ça car ils comblent leurs lacunes de cris,
qui cachent à la craie, leurs coeurs trop englauqués !
Mais elle est
Le dessin parfait
De la douce rêverie bleue nommée
Amour
01/02/96
Le poids des mains, le choc des poings
Cette extermination passe par le discours
Chaque génocide naît par sa propagande
Il nous faudra des mots enregistrés sur bande
Qui marqueront les cerveaux sans aucun recours
Nous utiliserons de nos mains le recours
Pour que nos paroles infiniment s'étendent
Puis sortirons nos poings pour que nos nerfs se tendent
Vers ces gueules de cons ignorant notre amour
Car nous aimons la vie que cela leur déplaise
Ou non on s'en fout bien s'ils se foutent qu'on baise
Leur morale inviolable à force de baisers
Mais nous embrasserons à en perdre l'haleine
Les fées qui s'envolent en voyant leurs gros nez
Car un elfe ignore la saveur de la haine
02/02/96
Auto propagande
Nous avons voté pour
L'amour et les poèmes
Les poèmes d'amour
Et l'amour des poèmes
03/02/96
Grognards mineurs
Jamais plus on ne nous parlera
Comme si nous n'existions pas
Aucune raison d'être inférieur
Quand on a la suprématie du coeur
Méfions-nous de ceux qui parlent trop
Sans nous laisser placer un mot
Nos idées vont révolutionner
Ceux que nous forcerons à écouter
Car ne nous trompons jamais de bord
C'est Nous qui sommes les plus forts
Nous les haïssons en minuscule
Alors que notre Amour est Majuscule
04/02/96
Antagonisme des rêves de proximité
Nous, nous rêvons de fées et de princesses,
Magnifiques, avec un coeur si grand
Que nous y verrions leurs seins de déesses
Pointer avec grâce s'offrant au vent.
Eux, s'imaginent entourés de femmes,
Dont la vulgarité ferait écho
À l'obscurité glauque du drame
Qui fantasme au bout de leur échafaud
Si nos désirs sont quelques fois les mêmes,
Nos rêves à nous ne sont jamais blêmes,
Alors qu'eux ne connaissent ni poèmes,
Ni rêves, ni la douceur des "je t'aime".
06/02/96
Savoirs d'éclipse
Oui je sais
Qu'il est ridicule de s'émouvoir
À la simple vue d'un simple matin
Où le soleil simplement brillerait
Oui je sais
Que pour un beau sourire sans espoir
D'une belle fille aux beaux cheveux brins
On en rirait si l'on s'émerveillait
Oui je sais
Combien notre poésie d'abreuvoir
Crachée et vomie un verre à la main
Fait cracher et vomir celui qui hait
Oui je sais bien qu'ils se moquent de nous
Mais du haut de nos gratte-ciel d'ivoire
Croyez bien que tout ce qu'ils peuvent croire
Je m'en fous
10/02/96
Onanisme lexical
Nous initions des vierges
Qui ont la vie en elles
Eux sodomisent des pucelles
Qui puent tout au bout de leurs verges
La différence ne se trouve pas
Uniquement dans le choix de leurs maux
Dès que nous avançons vers le rêve un seul pas
Trop tôt un cauchemar les déchire au couteau
11/02/96
Pas d'invitation au voyage
Allez viens nous allons rêver encor
Auprès des fées qui nous font jouir de peur
Dans le combat sous nos draps bleu marine
Nous ouvrirons au ciel notre poitrine
Pour y chiner les germes du bonheur
Viens rêvons jusqu'au sommeil de la Mort
22/02/96
Sommeil d'Irina
Tu es là couchée si près de moi
Que je sens la chaleur de tes lèvres
Réchauffer tout mon corps jusqu'au coeur
Un éclat de lune tend le bras
Et sculpte ton corps comme un orfèvre
Soulignant tes courbes sans pudeurs
Aucun bruit ne pourrait t'enlever
Au charme des rêves bleu marine
Qu'un souffle ne laisse qu'entrevoir
En t'écoutant tendrement ronfler
Je ressens pourtant l'envie frangine
De me plonger dans ton isoloir
17/03/96
Une couleur : bleue
Et vous croyez toujours que c'est simple de vivre ?
Quand ceux que l'on aimait, incrustés dans le coeur,
Sont partis se mourir, écrasés par malheur ?
Julie dans son coeur bleu, n'arrive qu'à survivre.
Vous espérez toujours que l'on va vous aimer ?
Quand l'amour qui restait est parti en musique
Dans une symphonie aux envolées lyriques ?
Elle et ses rêves bleus, n'aiment que leurs cafés.
Et vous pensez toujours
Que l'on va croire encor
Que malgré tout, l'amour
Restera le plus fort ???
Oui !
21/03/96
Vision de Lolita (version définitive)
Petite fille je sais, les murs le chuchotent,
Que tu ne pourras sûrement jamais m'aimer ;
Tu ne poseras sur mes lèvres tes baisers,
Ce serait immoral et la Morale est sotte !
Je suis bien trop vieux, l'âge et le temps sont sacrés ;
En tout cas le temps qui vole est un sacré piège.
Mes cheveux sont déjà tant recouverts de neige,
Tu voudrais du soleil pour encor mieux briller...
Pourtant, je te retrouve chaque nuit en rêve
Quand les lunes sont bleues et les anges bordeaux
Et je peux te chanter enfin sans sonner faux
Un poème où cette histoire de temps s'achève
Mais tu sais les juges qui font notre procès
Ne doivent pas connaître la couleur des songes
Ils ont décrété que c'est un Mal qui me ronge
Que c'est mal de t'aimer petite Lolita
12/04/96
Dix ans après
Et j'ai ce sentiment qui me pousse
À croire à cette pensée comique
Qu'il faut bien voir dans la lune rousse
Un signe de l'inconscient cosmique
Et lorsque la nuit crie sa mélodie
Échouée d'un festival de liberté
Les notes bleues qui volent en toupie
Ne sont-elles pas jouées que pour aimer ?
Quelle vision pourrait avoir mon rétro
Autre qu'un beau soleil rouge qui s'endort
Se balançant tranquillement dans mon dos
Pendant que les étoiles oublient la mort ?
Sans mentir il n'existe pas de plus beaux ramages
Que celui qui revient colorer tous nos rêves
Puis dépose sous nos oreillers l'étalage
Des joies qu'il reste à vivre avant qu'on ne le crève
08/04/96
Enseignement aquaphile
Nous devons le respect aux beaux poissons,
Car à peine nés ils savent déjà
Ce que pendant longtemps nous apprenons :
Dès leur naissance ils nagent sans effroi
Sans pourtant qu'on leur ait jamais appris.
Oui ils savent que si l'on veut y arriver
Aucun océan n'est impossible à dompter.
Et ce savoir les rend proches du paradis...
08/04/96
Rêve elfidé
J'ai croisé au détour d'un rêve bleu marine
Un elfe étincelant qui, souriant, m'a dit
Qu'il existait un ciel où les lunes câlines
Font briller le soleil lorsqu'il est étourdi
Et qu'il laisse les mers sans lumière se fondre.
Sous le charme, songeur, je n'ai pu que répondre :
"Vous êtes un peu poète
Puisque malgré que vous n'ayez pas vos papiers
Comme un rêve vous faites
Vivre ce sentiment d'Universalité ! "
Alors, sans dire un mot, dans la nuit bleu marine,
Mon elfe poète a luit d'une aile divine.
08/04/96
Fil funansomnambule
Méfions-nous des oiseaux trop gueulards
Qui chantent qu'ils volent dans un rêve
Car si jamais leur bonheur s'achève
Ils basculent dans le cauchemar
08/04/96
Besoin de somnifère
Encore quelques rêves
Pour ne pas oublier de ne pas oublier
Chaque nuit où la vie aux reflets blancs s'achève
Il vaudrait alors mieux garder les yeux fermés
Même si les insomnies
Laissent la porte ouverte à la méditation
Balançant les pensées d'une douceur de pluie
Il vaudrait mieux rêver la même inspiration
Rêver en bleu marine
Pour enfin réussir à prendre son envol
Rejoindre dans la nuit les ailes de platine
Des elfes qui se moqu'nt des insomniaqu's au sol
10/04/96
Chant du dernier rêve en couleur
Et s'il faut vraiment un dernier rêve,
J'aimerais bien pouvoir m'envoler ;
Et soudain dans ce rêve dernier,
Alors que mon coeur si bleu s'élève,
Je cueille entre mes dents une fleur,
Sur ma lèvre une fleur bleue de vie,
Puisqu'il n'en fleurit de plus jolie ;
Dans un ciel marine de bonheur,
Je n'aurais plus d'autre envie que celle
De plonger dans la plus bleue des mers
Pour abreuver ma fleur d'un brin d'air ;
Alors, puisque ma rose ruisselle,
Avant de me noyer dans cette eau
Transparente, limpide et lointaine,
Je prends par la main une sirène,
Pour l'envoler vers d'autres couleurs,
Et écouter tous deux cet écho
Que chante le dernier rêve en choeur...
... bercé par la musique des flots.
11/04/96