04/07/1993 - 18/07/1993
Secondes allitérées
Et voici les secondes hors du temps
Si loin de la ville et de sa rivière
Comme j'aurais adoré tant et tant
Que ta tendre sensation s'accélère
Voici le temps d'un bonheur innocent
Où le susurrement de nos sanglots
Assaisonnant nos silences latents
Soufflait sous mes insaisissables mots
Le temps dégluti à grandes goulées
S'agrippant à nos sentiments aigris
Se gargarisant de baisers grimés
Pour ne pas griser nos rêves grandis
Temps se cristallisant pour s'écrier
Le charisme de nos coeurs est sacré
Je le décrirai de mon encrier
Caressant encore ta peau sucrée
04/07/93
Ventricules en transfert
Nous étions tous deux amoureux
D'un autre amour
Qui n'était pas nous
Mais dans lequel nous nous reconnaissions
Et qui faisait que nous nous aimions
05/07/93
Nous aurions dû jouer les prolongations
J'aurais dû t'emmener sur mes ailes,
Non te laisser me laisser partir.
Nous aurions dû droit vers l'avenir
Voler dans nos regards de pastel.
Et nous aurions dû nous envoler,
Avec nos bagages d'idées folles,
Ne pas nous retourner nous engluer
Dans leurs sales flaques de pétrole.
Pourquoi ne pas avoir continué
De suspendre le temps de nos montres ?
Pourquoi ne sommes-nous pas restés
Où aucune vie ne nous affronte ?
Seuls, heureux, pleurant notre bonheur
Te répétant mon amour, ma soeur.
05/07/93
Le baiser d'une grenouille princesse
Tu as changé ma haine exacerbée
Contre le plus pur amour fraternel
Les âmes que j'aurais voulu tuer
Grâce à toi désormais je les vois belles
Tu sais maintenant je n'ai plus peur d'eux
Plus peur d'être écrasé par leur courroux
Plus peur même de leur coeur dépotoir
Car je sais maintenant qu'ils sont jaloux
Car malgré leurs gueules je suis heureux
Et ça les embête de le savoir
09/07/93
Aimer l'amour sans s'amouracher
Trognon hyperbolique triphasé
Court-circuité par la Grâce Divine
Envieuse de ta propre trinité
Jalouse que tu sois si belle en jeans
Toi seule comprendra mes doux baisers
Recouverts de décharges alcalines
Savent-ils même ce que c'est qu'aimer
Sans le foutre des pulsions exocrines
Mais alors, encor, nous leur apprendrons
Tous deux, sans amour, nous nous aimons.
09/07/93
Racines musicales morphologiques
Toutes ces chansons bleues, pleurant pour leur bébé,
N'ont été, j'en suis sûr, écrites que pour toi,
Avec ta bouche-sang, ta douce peau de soie,
Tes yeux d'océans qui ont déjà trop rêvé.
Et avec tes lèvres, tes lèvres-coffres-forts,
Tes si petites mains, qui pourraient étrangler
La gorge de la vie sans la faire étouffer.
Peux-tu chanter pour moi ton bel amour encore ?
09/07/93
Douleur bienfaitrice et persistante
Ma plume j'aimerais ne jamais oublier
Ce douloureux instant où nos joues émotives
Se sont dit au revoir, à cette heure tardive,
N'ayant pas eu le temps pourtant de s'embrasser
De s'embrasser encor pour toujours conserver
Ce pur éclat de coeur, cette plaie maladive,
Qui ne fait pas souffrir, puisque sur l'autre rive,
D'autres rêves ailleurs la changent en baiser.
Ô ma légère plume il y a une crique
Qui n'attend plus que nous et nos coeurs hystériques.
Qui saignent de bonheur devant cet océan.
Parce que si aujourd'hui, nous avons, presque en larmes
Dû nous quitter hélas, Dieu sait que nous attend
Une lune levante éprise de nos charmes.
09/07/93
Strabisme lunaire
J'ai enfin vu les deux lunes avec toi
La tête cajolée entre tes deux bras
10/07/93
Goût d'ignorance
Nous savons le soleil
Car nous avons frôlé son odeur
Et nous savons les orages
Car nous nous sommes brûlés les ailes
En les approchant trop près
Mais nous savons le feu des volcans
Et le bleu des océans
La vérité profonde de la neige
Et les sépultures de corail
Nous savons la beauté des lunes
Mais nous ignorons toujours
Le prénom du nouveau jour qui se lève.
11/07/93
Protection d'azur
À tous les scoliosés du néant
Capitaines abandonnant leur navire
Je déclare que dès maintenant
Votre sépulture tombale doit s'ouvrir
À tous les abandonnés apocalyptiques
Chevaliers errant dans l'infini
Ne sombrez pas dans des guerres éthyliques
Avant d'avoir vu toute la galaxie
Et laissez dormir l'enfant bleu
Ma plume douce volant sur les typhons
Que ses rêves se changent en délires amoureux
Et que le reste soit couvert de haillons
12/07/93
Ange sous-estimé
Dans l'enchevêtrement cuivré des labyrinthes
Des visions de toi poussent à même le sol
J'ai du mal à croire, mon ange, ma sainte,
Que tu ignores ton auréole
Dois-je faire fleurir les miroirs
Que tu nages dans ta propre image
Que tu y retrouves tes cris d'espoir
Recouvrant les pustules de ton faux visage ?
Tu es ange, plume et magicienne
Tu côtoies les licornes et les lutins
N'essaie pas de souiller tes yeux sous peine
D'être changée en démon incertain
Vis, vois, jouis, et apprends que tu t'aimes
Fixe cet amour sur les vitraux des chapelles
Et bâtis autour de toi des remparts de poèmes
Clamant au monde entier que tu es belle.
12/07/93
Incrustation renversée
Et je suis venu
En mal d'opportunisme
M'immiscer dans ton chagrin
M'incruster dans ta cicatrice
Et je suis venu
Presser toutes tes pustules
Que jaillisse le sang
De ta peau ébouriffée
Mais tu as été la première
À faire circuler mes larmes
Dans le carrefour de notre amour biaisé
Moi le squelettique roseau,
Je voulais t'aider à respirer
Dans ton océan asphyxiant
Et c'est toi, robuste plume
Qui m'a collé
Le masque à gaz sur la gueule
13/07/93
Plume trempée dans mon encrier
Veux-tu être celle pour qui j'écris,
La plume endimanchée de tous mes vers ?
Veux-tu bien être celle à qui j'écris
Les épilogues de tous mes déserts ?
Il faut bien que je boive quelque part.
Et que je m'abreuve de temps en temps
Sois ma source si ce n'est pas trop tard,
Que j'emplisse mon coeur de ton torrent.
13/07/93
Plaidoyer pour la Poésie et contre la mort des rêves
Rien, ni personne, pas même Dieu, ni les archanges du Mal, ni l'inquiétante et
obscure Mort qui traîne sa faux dans les champs ravagés de la Désolation, non,
personne ne peut imaginer, ne serait-ce qu'un instant, imaginer attenter à la
vie de ce qui est justement le Coeur et l'Âme de la Vie :
la Poésie.
Et toi tu seras mon poème.
13/07/93
Absence de ta présence
Quand les festivités entremêlées
Auront fini de vomir leur joie
Je penserai que dans mon coeur
J'ai vu le spectacle avec toi
Et je me suis émerveillé avec toi
Et j'ai applaudi avec toi
Et j'ai souri aux étoiles avec toi
Et j'ai imaginé mes rêves avec toi
Dans le firmament illuminé
J'ai hurlé de plaisir
Avec toi
Avec toi
J'ai marché sur ma tombe
Piétinant les fleurs flétries
Qui ne se montrent que dans l'ombre
De nos silhouettes endolories
Et j'ai filé avec toi
Dépouiller d'autres tombeaux
Rapiécer d'autres linceuls
Et j'ai pleuré avec toi
Quand j'ai senti ta main
Ta douce main
Qui n'était même pas là
Pour me rassurer
Et me confirmer
Que j'étais avec toi
15/07/93
Sonnet protecteur
Je te protégerai des chants aux cris plus forts
Que le hurlement noir des loups au crépuscule.
Jamais tu ne devras fouler les tarentules
Qui grouillent dans les blés des champs de Maldoror.
Ta peau sera toujours douce, plus douce encor
Que le duvet soyeux des plumes qui ondulent
Lorsque le vent du soir baise les libellules
Et vient caresser l'eau aux reflets perlés d'or.
Ta voix n'aura jamais à cracher des reptiles,
Lorsqu'elle chantera, aucun serpent habile
Ne mordra dans ta chair, t'enivrant de poison.
Je te protégerai du venin des mygales
Et du dard des scorpions, j'essuierai les étrons
Que la limace lisse avec sa bave anale.
16/07/93
N'oublie pas de ne pas m'oublier
Souviens-toi ma plume...
Souviens-toi mon amour,
Des couleurs de tous nos souvenirs en Technicolore.
Souviens-toi.
Que les lunes blanches sont deux.
Souviens-toi.
Que le soleil porte un pyjama mandarine.
Souviens-toi.
Du rouge de l'amour.
Du vert brûlant de la passion.
Des larmes mauves qui nous échappent.
Souviens-toi surtout que les rêves sont bleu marine....
Et quand tes souvenirs
Se seront assez souvenus
De ce qu'il fallait que tu te souviennes,
Souviens-toi,
Que jamais je ne t'oublierai...
18/07/93
Délégation de sépulture
À chaque seconde son crématorium,
À chaque goutte son vase de jade,
Car rien ne doit se perdre.
Rien.
18/07/93
Envol, destination : futur
Allez ma plume, viens, d'autres rêves ailleurs
Nous attendent déjà, viens, ma petite soeur,
Désormais je ne peux plus me passer de toi
Pour peindre mes songes du bleu de leur éclat.
Allez viens mon amour, et offre-moi ta main,
Ses caresses de soie et ta peau de satin,
Que je puisse adoucir les ongles du diamant
Qui a ravagé mon coeur de cristal scintillant.
Viens encore une fois pour montrer à la vie
Que tous deux nous savons voir dans son alchimie
Les couleurs et parfums que chante le bonheur
Allez, soyons heureux, tendre petite soeur.
18/07/93
Coeur d'agrume
Toi seule le sait :
J'ai un coeur en citron
Regorgeant de jus
Et pourtant si acide
J'ai un coeur en citron
Et tu l'as pressé
Pour le faire tenir
Dans un verre de deux jours.
18/07/93
Élongation d'une nuit astrale
Seules les secondes crépusculaires de l'aurore
Durent éternellement
18/07/93