06/08/1991 - 20/08/1991
Bleu comme une mandarine
Dans le plus bleu de tous les rêves,
Les deux arcs de lune se lèvent,
Découvrant un point qui grossit.
Le point tuméfie, une sphère
Maintenant éclaire la nuit
Beauté horrifiante : la Terre !
Au-dessous de nos yeux, dans ce désert,
La planète que nous foulons explose
Un volcan en jaillit, la lave éclose
Éjacule superbe dans la mer,
Tout écume et se mêle dans mes yeux :
Le ciel noir, la mer rouge et le rêv' bleu.
06/08/91
Lonelitude
Enfin seuls, à regarder les miroirs
Pour transvisionner nos ombres de noir
Nos cellules translucident la vie
Nos silences ont appris à parler
Nos yeux balaient trois cent soixant' degrés
Notre sang glasnoste notre alchimie
Enfin seuls, tout est clair et transparent
Comme un rêve d'astres cristallisants.
07/08/91
Chrysalide chylifère
J'ai rêvé que des vers, grignotaient mon cerveau,
Des vers de tête, entrelacés, des vers de rime,
Ils glissent si gluants, sous mes rêves intimes,
Avec leurs douze pieds, piétinant mon cerveau.
Tout est beau et parfait, mon rêv' teinté de vers
Serpentine à rebours, dans nos corps entrouverts.
07/08/91
Un jour
Un jour,
les gens que nous croiserons dans la rue
nous tendront tous la main pour nous saluer.
Un jour,
nous rêverons tous en même temps
que nos rêves soient toujours le mêmes:
si bleus,
que nous y verrions la lumière frôler
nos désirs endothermiques.
La Terre entière chanterait le même refrain,
Les mains tendues vers un ciel d'été étoilé.
Nous partirions
tous deux dans un train,
qui volerait entre les chromes des arcs-en-ciel
vers des villes sans nom.
Et nous ferions tous deux l'amour
sur la fumée d'une cigarette brune
que l'avenir aurait transformée
en un rêve bleu marine
07/08/91
Le voyageur des jours océans
J'aimerais trouver les plus beaux kanjis
Pour te calligraphier combien je rêve
De te rencontrer un jour à Paris
Autour d'un comptoir quand la nuit s'achève
Et nous planerions pour Hiroshima
Pour sentir décoller la ville blanche
Tu me raconterais New-York tout bas
En me coulant ton coeur plus très étanche
Alors nous parlerions de nos amours
Et de la guitare de Bob Dylan
Des fleurs d'acier qui poussent dans les faubourgs
Et de l'océan bleu de Manhattan
07/08/91
Nuit d'ouragan calfeutré
J'amourissonne la ville la nuit
Avec les étoiles-miroirs qui chantent
J'aime marcher seul au fond de la nuit
Dans les secondes qui filent si lentes
La ville respire si différemment
Lorsque la lumière brille si noire
Comm' dans un rêve aux échos d'océan
Mes coeurs-looping s'enfument en cigare
Et je m'endors dans ton silence qui résonne
Je rêve encor de toi mais que Dieu me pardonne
08/08/91
Voyage en 21ème classe
Un jour je partirai sur un oiseau
Je voyagerai tout autour du monde
Dans toutes les villes : des plus immondes
Jusqu'aux capitales où tout est beau.
J'irai à New-York, Tokio et Sydney
J'irai à Berlin en tendant le pouce
J'irai à Istanbul sur la mer rousse
À Dublin et Glasgow je m'en irai
Je monterai au fond des océans
Au bord des falais's que la mer harangue
Je plongerai sur les plus hauts volcans
Je crierai "je t'aime" en toutes les langues
09/08/91
Nuages, étoiles et lapis lazuli
Je voudrais être un nuage argenté,
Échappé d'une gauloise enfumante,
Prenant la première étoile filante,
Je m'envolerais vers un ciel gercé.
Derrière la seconde étoile à droite,
Je brum'rais sous un amas de gluons,
Sur un arc-en-ciel, à califourchon,
J'holographierais mon regard de ouate.
Sous mes lunettes de lune fractales,
Je verrais le soleil m'éclabousser,
Et tous mes atomes frissonneraient
Tissant cette divine image astrale.
12/08/91
Nostalgie d'un moment à venir
J'ai le coeur bluesymental à en exploser
J'ai trop vu de beautés se philharmoniser
J'ai vu le ciel pleurer ses filamentitudes
J'ai vu se mettre à chanter un cercle de feu
J'ai vu l'univers vivre de similitudes
J'ai vu une fumée se buller dans les cieux
Et je t'imagin' dans tes beautés antipodes
Rêvant que l'on te rebranche tes électrodes
I wish you were here à côté de mes envies
Que l'on rêve ensemble du même paradis
Que l'on bluesycalise la même alchimie
En sirotant l'amour qu'on n's'est pas encore dit.
13/08/91
Antidépressif à la guimauve
Amour-filigrane en technicolore
Photons s'interférant dans un ballet
J'ai rêvé que ma vie soit ce qu'elle est
Mais je la bleumarine plus encore.
13/08/91
Écarts spacio-temporels
Puisqu'une myriade de particules
Caracole la vie entre nos corps
Puisque circulent dans mes ventricules
Des ond's plus immatérielles encor
Indélébilisant en elles-mêmes
La conscience de l'univers si grand
Puisque je véhicule en moi les gemmes
De chaque parcelle d'espace-temps
Pourquoi me reste-t-il tous ces pourquoi
Qui se gargarisent au fond de toi ?
14/08/91
Essaim
Je sens dans mon coeur une libellule
Qui crève d'envie de voler vers toi
J'attends qu'un météor' me déspatule
Pour envoler mon cocon en éclats
Mon papillon éprouve du reggae
Et il se souvient qu'il a embrassé
Les fleurs de tes étamines labiales
En caressant ta douceur estivale
De ses ail's irisant l'ubiquité.
14/08/91
Elfe blond
Je t'ai rencontré au fond d'un miroir
Où tu y squattais toutes mes passions
Adoptant tous mes rouges et mes noirs
Les bleuifiant de ta bombe à chansons
Toi qui voulais voyager avec moi
Dans les profondeurs des électrochocs
J'aimerais t'éclabousser de ma foi
En claquant de joie tous les starting-blocks
Toujours nous rêvions de rêver toujours
Que nos rêves bleus ne soient trop courts
15/08/91
Intempérie de diamants
Je voudrais bondir en dehors du temps
Immoler les secondes crématoires
Rembobiner ma vie plus en avant
Catapulté d'un état transitoire
J'aimerais tant dans le temps voyager
Colombiner mes croisades de guerres
Déstigmatiser mes ambiguïtés
Et voir refleurir mes beautés arrières
Un jour je saurai
Comment m'envoler
16/08/91
Envolons-nous !
J'ai rencontré une araignée
Qui m'a parlé pendant des heures
Et dans sa toile congelée
Je t'ai vue nager dans du beurre
Envolons-nous toujours plus haut ver l'Abyssinie
Pour voir les colombes danser à l'eucharistie
Mélangeons nos prières avec des étincelles
Alors nous pourrons rêver tous les deux de plus belle
16/08/91
Rêve septentrional
Éveillons-nous pour rêver plus haut
Carburons nos fuels d'imaginaire
Nus transparents sous les réverbères
Osons danser sans leur lamento
16/08/91
Transcendance
Mes heures je les bonheurise
Sur les terrasses des cafés
Regardant le soleil briller
Sur la fille qui s'est assise
Il faut prendre le temps de vivre
De rêver dans dire un seul mot
Nous serons vieux bien assez tôt
N'attendons pas qu'on nous délivre
Mais laissons bâiller nos sourires
Acceptons le vent en cadeau
Et embrassons l'air qu'on respire
16/08/91
Amour trognonesque
Amour laqué, douceurs sucrées, je t'aime.
Je te rêve toujours petit trognon,
Dansant le crawl dans un bonheur suprême,
Où je viendrais plonger mes électrons
Avec ma carte de célibataire.
Et nous escaladerons les rivières,
Étouffant de nos rir's les flaques d'eau,
Tête-à-têtant nos repas solitaires,
Pour échapper au râle des manchots,
Baisers cervicaux, mielleux, chauds, je t'aime.
Tu n'es qu'un rêve émergé du soleil,
Mais souviens-toi que nous sommes pareils.
17/08/91
L'enfant d'éclipse
Tu n'es pas né, pourtant tu vis déjà
Dans la pénombre orange de mes rêves
Et sous les montagnes que tu soulèves,
Mon enfant, tu piaffes déjà en moi.
Et tu navigues d'étoile en étoile,
Pour téter goulûment la voie lactée
Et je frissonne quand tu mets les voiles
Vers des galaxies hors de portée.
Mon enfant, tu chantes déjà
Que l'univers est coloré
Avec les parfums d'Illinois
Et la peau douce de Sydney.
17/08/91
Vidéo-dreams
J'aimerais qu'on enregistre mes nuits
Pour qu'elles n'éclipsent pas dans l'oubli
Et j'aimerais qu'on lève le rideau
Sur l'écran marine de mon cerveau
Quelque part, on doit bien avoir les cassettes
De tous les rêves que mes ions émettent
De tous les films qui téquila-rapident
Au milieu de mes éclairs translucides
20/08/91
Rêves mandarine et bleu marine
Après avoir rêvé tellement fort
Que nos oreillers tombent en poussière
Après avoir caressé la lumière
En déployant nos rires plumés d'or
Il faut trouver de nouvelles couleurs
Pour mélodier nos rêves de chaleur
Il faudra inventer de nouveaux mots
Aux accents platinés de coraline
Des mots embrasés que nos mains déclinent
En cotonnant le sable de nos peaux
Nous trouverons des rêves que nos yeux
Quadriphoneront jusque dans les cieux.
20/08/91